Trouble de personnalité limite (ou "borderline") : Un mal d'être, mais pas une maladie.
Présentation clinique
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Le trouble de la personnalité n'est pas une maladie mentale, mais plutôt un état d'être, de percevoir, de ressentir et d'agir qui perturbe le fonctionnement social, professionnel et qui entraîne une souffrance significative.
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Ces caractéristiques sont stables, prolongées et les premières manifestations apparaissent au plus tard à l'adolescence ou au début de l'âge adulte.
Les critères du DSM-IV (manuel diagnostic utilisé en psychiatrie)
Pour faire le diagnostic d'un trouble de personnalité limite, la personne doit présenter au moins cinq des neuf critères suivants :
Instabilité émotionnelle
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Instabilité affective causée par une réactivité marquée de l'humeur (dysphorie intense, irritabilité ou anxiété durant quelques heures ou quelques jours). Ce sont des gens qui changent souvent d'humeur et les changements d'humeur sont rapides
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Colère intense et inappropriée ou difficulté à maîtriser sa colère
Instabilité interpersonnelle
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Efforts effrénés pour éviter les abandons réels ou imaginés
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Relations interpersonnelles instables et intenses (position extrême d'idéalisation excessive et de dévalorisation). Ils passent rapidement de l'idéalisation de la personne avec qui ils sont à la dévalorisation.
Instabilité comportementale
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Impulsivité dans au moins deux domaines potentiellement dommageables (dépenses, sexualité, toxicomanie, crises de boulimie, conduite automobile)
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Répétition de comportements, de gestes ou de menaces suicidaires ou d'automutilation
Instabilité identitaire
Instabilité cognitive
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L'ampleur de la problématique et son évolution
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Intérêt marqué depuis 10 ans
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Prévalence élevée :
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2-3% de la population générale
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15% des patients en clinique externe de psychiatrie
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20-30% des patients hospitalisés en psychiatrie
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75% de femmes
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Clientèle difficile, qui demande une intervention très spécifique
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Traitements conventionnels peu efficaces
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Morbidité importante :
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Les comorbidités :
Ce sont des gens qui font face à tellement de stresseurs, de difficultés et d'instabilité qu'ils développent souvent d'autres maladies
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Évolution favorable pour 80% après l'âge de 35 ans. Souvent, ils auront passé par des périodes dangereuses. Ils en ressortent blessés. Ils peuvent apprendre à s'isoler, à limiter les relations, afin d'être plus stables dans leur vie. Ils ont réalisé que la vie de couple n'est pas possible, alors ils vont s'isoler. Généralement, ils poursuivent leur vie un peu plus calmement par la suite. Le but du traitement est d'intervenir assez tôt, pour éviter qu'ils soient à risque pour leur vie et pour faire en sorte qu'ils en ressortent moins blessés.
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Modèle bio-social de Linéhan
C'est le modèle qui est utilisé dans le cadre de la clinique des troubles de la personnalité. Selon Linéhan, le trouble de personnalité limite est dû à un dysfonctionnement du système de régulation des émotions qui est créé par une vulnérabilité émotionnelle (prédisposition biologique) associée à une incapacité à réguler les émotions (environnement invalidant). La personne n'a pas développé son système de régulation des émotions, c'est-à-dire qu'elle n'a pas appris à identifier et à gérer ses émotions.
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Expériences invalidantes
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Abus sexuels
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Un des milieux les plus invalidants Ex. : les attouchements sont normaux, mais il ne faut pas en parler
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lorsque l'abus est dévoilé, souvent aucun support et même souvent puni
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2 à 3 femmes pour un homme (Finkelhor, 1979)
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70% des patientes ont été abusées sexuellement (Perry, 1987)
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Les victimes d'abus ont des taux plus élevés de tentatives suicidaires
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Les principes généraux de traitement
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Aider le patient à identifier et à gérer ses émotions trop excessives, mais aussi à diminuer les comportements excessifs ou inadéquats associés à cette mauvaise régulation des émotions.
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Apprendre à valider et à identifier leurs propres émotions, pensées et besoins.
Cibles de la première étape
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Diminuer les comportements suicidaires
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Diminuer les comportements interférant avec la thérapie
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Diminuer les comportements interférant avec la qualité de la vie
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Augmenter les compétences comportementales :
Cible de la deuxième étape
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Diminuer les stress post-traumatiques
Cibles de la troisième étape
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Augmenter le respect de soi
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Atteindre les objectifs individuels
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Traitement pharmacologique
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La clinique des troubles de la personnalité du CHUS - Hôtel-Dieu
Critères d'inclusion
Critères d'exclusion
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État de crise
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Maladie mentale prédominante
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Déficience intellectuelle
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Trouble cérébral organique
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Psychose
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Trouble de personnalité paranoïde
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Consommation abusive d'alcool ou de drogue
Comment y accéder
Les références à la clinique peuvent venir de trois sources :
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Module d'évaluation liaison. Le médecin de famille du patient fait une demande en psychiatrie. Dans un premier temps, le patient sera évalué par un psychiatre, pour évaluer s'il s'agit effectivement d'un trouble de la personnalité. Si c'est le cas, le psychiatre nous le réfère à la clinique.
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Référé par un psychiatre lors de l'hospitalisation.
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Référé par un psychiatre dans le cadre d'un suivi en clinique externe.
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